lundi 8 septembre 2014

Vous n'arrivez pas à partir, Monsieur...

La chambre baigne dans une odeur fétide... cette odeur...
Prisonnier de ce corps qui n'est que douleur, prisonnier de ces heures qui ne sont que souffrances...
Vous n'arrivez pas à partir, Monsieur...
Votre regard vitreux happe le mien, se jette au plus profond de mon âme...
Avec le désespoir des dernières heures, vous vous accrochez à chaque minute qui passe pour rester... encore un peu...
Mais qu'attendez-vous, Monsieur?...
Votre bouche n'est plus qu'un abîme d'où s’extrait à grand peine le souffle crépitant qui vous lie toujours à nous... mais à quel prix...
Et sous ce drap blanc, sur cette poitrine trop osseuse pour héberger votre vie, reposent vos mains...
Vos mains encore fortes du travail accompli s'agrippent à mes mains qui tentent en vain de vous apaiser...
Votre râle se fait plus lourd, plus lent, plus profond...
Je passe ma main trop froide sur votre main trop chaude...
Les yeux englués, enfoncés dans des orbites trop saillantes, vous regardez vers l'inconnu tandis que votre conscience reste avec nous...
Vous n'arrivez pas à partir, Monsieur...

Je vous dit "Au revoir, Monsieur" et me souviendrai longtemps de votre main mourante qui a su réchauffer la mienne, si froide...



Elise ( 7 septembre 2014)